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  • Photo du rédacteurJoëlle Roubache

Aménager le jardin pour lui aussi


Février 2022



« Viens là, Roxy, sois sage ! Hep ! »


Quand je visite une famille avec un chien, celui-ci s’annonce généralement avant tout le monde, en écrabouillant mon jean’s et mes bottes de ses grosses pattes pleines de terre. Il me tourne autour, jappe, remue frénétiquement la queue, me re-saute dessus : on ne se connaît pas, mais il est très content de me voir. Je n’ai pas l’habitude d’être ainsi fêtée par des inconnus. J’ai beau lui expliquer que je n’ai pas de bonbon, pas de frisbee, que je voudrais serrer la main du client que je ne connais pas encore, rien ne lui fait entendre raison. Il finit par s’éloigner (à peine) avec le regard bas, sous les réprimandes de son maître. Ses doux yeux bruns me font culpabiliser (mince, il se prend une rouste à cause de moi) et j’en veux furtivement au propriétaire, qui s’efforce de m’accueillir au mieux.


D’accord, Roxy, je t’en dois une. Je vais devoir te tailler un jardin sur mesure. Je m’en voudrais de t’empoisonner en plantant des massifs d'euphorbes. Moi, je n’y connais rien aux chiens, je ne sais pas comment ça vit, ce qu’ils aiment ou pas. Mais j’ai eu des jeunes enfants, alors je me dis qu’on peut transposer, non ?


Première règle : Avoir conscience du danger


Un petit, ça renverse les porcelaines Ming ; un chien, ça laboure les massifs qu’on vient de planter.

Quelques stratégies possibles pour éviter les coups de sang (pour les chiens - les enfants, je vous laisse voir) : lui accorder un espace où il pourra creuser à cœur joie, par exemple une zone ensablée avec des joujoux enfouis dedans. Ou plus vicieux : dans chaque massif, poser un filet 5-10 cm sous terre. Le chien se prend les pattes dedans, et n’y revient plus. Vous allez me dire : « Mais comment on fait ensuite pour jardiner, déterrer, planter, amender ... ? ». Il faut juste choisir des filets biodégradables, qui laissent le champ libre après quelques années, quand le chien s’est habitué et que les massifs ont poussé. De manière générale, je privilégie tout de même la plantation de grands sujets, moins fragiles que les jeunes pousses. Et les arbustes résistent toujours mieux que les vivaces, leur masse forme un obstacle naturel et le chien prend l’habitude de ne pas s’y frotter, surtout s’il les voit en place toute l’année.


Deuxième règle : Définir des zones interdites


On apprend très vite à son enfant qu’il n’a pas le droit d’escalader le balcon. On a parfois moins d’autorité sur le chien, notamment lorsqu’il s’agit de protéger son potager où il aime bien fouiner. Grillage, bacs surélevés, cailloux au sol (ce n’est pas très agréable pour ses pattes) sont autant de solutions pour détourner l’attention de votre chien. Et ne comptez pas sur lui pour dévorer les limaces et les escargots qui attaquent vos salades : tous deux sont très nocifs pour lui.



Troisième règle : Il ne faut pas les quitter des yeux


Je ne sais pas pourquoi, les chiens comme les enfants adorent s’enfuir. C’est tellement moche, la vie avec nous ? Ou ils ont besoin de tester notre amour, et de nous entendre hurler leur nom avec des trémolos désespérés ? En tout cas au jardin, c’est simple : la clôture offre une solution radicale, sauf dans les grandes propriétés où le collier GPS s’impose (pour le chien, pas l’enfant). Dans un terrain de plusieurs hectares, j’ai récemment dessiné une vaste zone fermée autour de la maison avec une alternance de clôtures, de talus et de haies : c’est aussi une option.


Quatrième règle : Il faut les occuper


C’est bien connu, c’est quand ils s’ennuient que les enfants vous harcèlent ou inventent les pires bêtises. Et je ne suis pas certaine qu’on puisse neutraliser un chien avec un iPad. Comme les chiens marquent leur territoire, ils adorent courir le long de la clôture : alors qu’on plante usuellement la haie près de la limite de terrain, pourquoi ne pas prévoir une bande de pelouse entre la clôture et la haie ? Le chien peut ainsi s’adonner à la course, faire des tours de terrain comme un athlète, sans déranger personne. Si on dispose d’une zone soustraite au regard, on peut aussi prévoir une aire de jeux pour les chiens : dans les grands magasins de sport, vous trouverez des speedballs, des tunnels, des obstacles, des piscines gonflables et des toboggans qui feront la joie de votre animal pendant que vous sirotez votre Campari en terrasse. Et achetez aussi des jeux à partager avec lui sur la pelouse, parce que de temps en temps, il est plus raisonnable de sortir vos baskets que le Campari, tout de même. En été, un jet d’eau fera déjà l’affaire.



Cinquième règle : Les laisser se défouler


Et oui, c’est important aussi. Malheureusement, Mc Donald’s interdit ses aires de jeux aux chiens. Pour eux, il faut prévoir un coin de jardin vierge, où ils pourront à volonté courir après les papillons, grogner contre les oiseaux, faire pipi où ils le souhaitent et, leur passe-temps favori, creuser, creuser, et creuser encore. Ca tombe bien, j’adore laisser un espace en friche dans les grands jardins : une belle occasion pour profiter de la faune et observer comment la flore se développe spontanément, surtout pour les familles urbaines quand elles vont dans leur résidence secondaire.



Sixième règle : Faire pipi partout, c’est rigolo


Et concernant les chiens, cela laisse des grandes plages brûlées sur la pelouse qui n’y résiste pas, surtout s’ils reviennent toujours au même endroit. Un petit peu d’éducation s’impose : une zone dédiée peut permettre de résoudre la question ; certains propriétaires y consacrent même un autel (une sculpture douteuse qu’on leur a offert, un poteau de bois, ...). Mais pour les chiens comme pour les enfants, un peu d’indulgence et de souplesse finira par s’imposer. Le jardin sera peut-être moins irréprochable que souhaité, mais il faut bien que tous les habitants de la maisonnée y trouvent leur plaisir !


A mes nouveaux amis Winnie, Rock Star, Chichon, et les autres ...



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